mercredi 5 décembre 2007

Shaolin Liu He Men 少林六合门, maître Zhao Xin Zhou

Surnommé également Zhao San, cet expert de l’école Shaolin des six coordinations (Liu He Men) de la famille Weituo était très connu dans le Pékin du début du siècle, qui fourmillait pourtant de nombreux experts comme le rappelle la célèbre formule « Quan Long Wo Hu », ou «Tigre tapi et Dragon caché ». Ses maîtres, « Liu la grande lance », Liu De Hua et Kong Ji Tai, lui enseignent l’école des six coordinations. Kong Ji Tai était alors garde de 4ème grade (Pin) à la cour de l’empereur. Les experts de son acabit pouvaient ainsi selon la hiérarchie très rigoureuse alors en vigueur sous la dynastie Qing, porter le sabre en présence de l’empereur et se tenir à moins de cent pas du fils du ciel.

Plus tard, Zhao Xin Zhou devient lui même instructeur de la garde rapprochée de l’empereur, avant d’ouvrir sa propre agence de protection et de sécurité. C’est lors d’une de ses pérégrinations que la caravane de marchands qu’il protégeait se trouve arrêtée à un barrage de « chevaliers des vertes forêts » (Lu Lin Hao Han), sorte de robins des bois chinois qui sévissaient sur les routes. Comme il se doit dans ce genre de situation, le responsable de la sécurité s’avance et déclame son identité, ce que ne manqua pas de faire Zhao Xin Zhou qui jouissait alors d’une importante réputation dans le milieu. A son nom, le chef des hors-la-loi le salue et ordonne de ne pas inquiéter le convoi. Les deux hommes sympathisent le temps d’une veillée, et l’inconnu montre même à Zhao une forme de double-épée (Quan Gun Quan Lin Shuang Jian) que ce dernier assimilera à l’école des six coordinations. Zhao promet à son tour d’enseigner le Taolu de sabre Kan Dao dès que les deux nouveaux amis auront l’occasion de se revoir. Avant que la caravanes ne s’ébranle et reprenne le cours de son voyage, les deux pratiquants conviennent d’un rendez-vous, auquel maître Zhao ne pourra malheureusement pas se rendre du fait des responsabilité de sa tâche. Il s’agit d’une faute importante dans le code de conduite des pratiquants d’arts martiaux traditionnels chinois que de ne pas honorer sa parole. Pour l’illustrer, il faut comprendre que Zhao n’avait pas oublié sa promesse, mais que les impératifs de l’époque et de sa profession itinérante ne lui ont pas permis de respecter sa promesse ou de simplement prévenir l’intéressé. Il ne fut ainsi guère étonné de voir débarquer plus de dix ans plus tard à Pékin ledit « chevalier des vertes forêts » qui l’avait laisser passer une décennie plus tôt alors qu’il parcourait les dangereuses routes de l’empire. A ce moment, Zhao est à la retraite et enseigne à son disciple,

Wan Laisheng 万籁声. L’homme pénètre dans la salle, alors que Wan s’entraîne justement au Kan Dao. Maître Zhao se lève pour accueillir cet hôte inattendu, et contre toute attente celui-ci prie Zhao de rester assis en lui posant les deux mains sur les épaules. A son départ, maîre Zhao avait les deux épaules démises par la technique de mains de l’homme ! L’individu revient le lendemain, et peut enfin avoir son explication avec Zhao. Il lui propose alors de lui montrer le Kan Dao pour honorer sa parole, et l’autre de rétorquer qu’il l’a déjà appris : il a seulement vu Wan Laisheng pratiquer la forme ! L’homme en profitera aussi pour corriger la double épée du jeune pratiquant, avant de repartir, réconcilié et satisfait.

On conte par ailleurs un épisode de la vie de Zhao Xin Zhou qui traduit l’état d’esprit qui prévaut dans les relations maître à disciple. Après avoir pratiqué plus de neuf ans l’épée auprès de Kong Ji Tai, Zhao Xin Zhou va en effet venir en aide à son maître de la façon la plus exemplaire qui soit. Emprisonné de façon arbitraire par les autorités qui avaient souvent recours à de sommaires arrestations « préventives », maître Kong se retrouve en prison alors que son état de santé et son âge ne lui permettent que difficilement de supporter les conditions de détention très éprouvantes des geôles mandchoues. Une pratique avait pourtant cours dans ce genre de situation, et consistait à substituer un parent au détenu afin de libérer le malade. Les propres enfants de Kong répugnant à pareil sacrifice, Zhao prend alors spontanément la place de son maître en prison, permettant ainsi la libération de Kong Ji Tai.

En ce début de vingtième siècle l’usage de plus en plus répandu des armes à feu entraîne la disgrâce de nombreux experts et des arts martiaux en général, ce qui attriste profondément maître Zhao. Pourquoi en effet s’encombrer avec le Kung Fu et son entraînement rigoureux alors que dorénavant quiconque est capable d’assurer sa propre sécurité à l’aide d’une arme de poing ? Maître Zhao Xin Zhou s’élevait ainsi contre ce genre de remarque, prétextant qu’à armes égales, avec un revolver ou à mains nues, le pratiquant prendra toujours l’avantage sur le néophyte, que ce soit en terme de rapidité (dégainer, viser, tirer) ou de réflexes.

C’est à cette époque, à l’Université d’agronomie de Pékin où il était invité à dispenser des cours d’arts martiaux qu’il fait la rencontre d’un jeune étudiant très doué et volontaire, passionné de Kung Fu, Wan Laisheng. Agé de plus de cinquante ans, il est déjà temps pour maître Zhao de chercher à perpétuer son art, et c’est dans cette perspective qu’il prend le jeune étudiant sous son aile. Maître Zhao Xin Zhou transmis à Wan Laisheng le Liu He Men, le Taiji de Zhang San Feng 张三丰太极拳 ainsi que l’épée espadon.

Aucun commentaire: